Comédienne, sa rencontre avec Antonin Artaud fut décisive pour elle : « Colette Thomas est la plus grande actrice que le théâtre ait vue, c’est le plus grand être de théâtre que la terre ait eu » (Antonin Artaud – Correspondance Ivry, 21/09/1947)
la biographie
Colette Gibert Thomas, la dernière des trois « filles de coeur » d'Antonin Artaud, est décédée le mardi 10 octobre 2006, à l'âge de 88 ans. C'est dans la plus stricte intimité qu'elle a été inhumée à Les Cabannes. Avec Paule Thévenin (disparue en 1993) et Marthe Robert (en 1996), Colette Gilbert, qui vivait retirée sur la Côte d'Azur chez son frère le Bâtonnier Renaud Gibert, fut un témoin privilégié, mais définitivement silencieux, de l'auteur de L'Ombilic des limbes.
Née en 1918, étudiante en philosophie et comédienne (elle avait suivi les cours de Charles Dullin et de Louis Jouvet), elle rencontra, chez Gabriel Marcel, les jeunes Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty et Jean Wahl, qui tombèrent sous le charme de cette jeune fille « extrêmement gracieuse », selon Ernst Jünger.
Comédienne, elle fut la première épouse de l'écrivain Henri Thomas (avril 1942), qui l'évoque dans le film La Véritable histoire d'Artaud le Momo de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur et qui est sa Lucie éperdue du roman Migrateur (Gallimard 1983). C'est à ses côtés qu"elle fera la rencontre, décisive pour elle, d'Antonin Artaud, à l'hôpital psychiatrique de Rodez, en mars 1946. Terriblement marquée par cette rencontre, elle transcrivit cette expérience de dépossession dans Le Testament de la fille morte, un récit à la fois fascinant et étrange, publié en 1954 par Gallimard sous le pseudonyme de René : "Aimer, c'est haïr les autres. Faire l'amour, c'est les trahir" écrit-elle. Et aussi : "L'être de la femme connaît la mort, et son devenir connaît la vie".
la bibliographie
Le Testament de la fille morte, Gallimard, 1954.