C’est principalement grâce à son roman, Lettres d’une Péruvienne, et de sa pièce de théâtre, Cénie, que Mme de Graffigny, issue de la petite noblesse lorraine, connut au milieu du dix-huitième siècle une véritable célébrité dans toute l’Europe.

C’est principalement grâce à son roman, Lettres d’une Péruvienne, et de sa pièce de théâtre, Cénie, que Mme de Graffigny (1695-1758), femme de lettres issue de la petite noblesse lorraine, connut au milieu du dix-huitième siècle une véritable célébrité dans toute l’Europe. Elle fréquentait un nombre impressionant de personnalités, dont Voltaire, et sa vaste correspondance qu’elle entretint quotidiennement pendant un quart de siècle avec son ami Devaux constitue une mine de renseignements sur la France et surtout sur la condition de la femme au dix-huitième siècle.

Née Françoise Paule d'Issembourg du Buisson d'Happoncourt, le 11 février 1695, place de la Carrière à Nancy, Madame de Graffigny prit possession de cette demeure – jusqu'alors propriété de sa mère, Marguerite Christine Callot au lendemain de son mariage, le 19 janvier 1712. Estimée de la population de Villers les Nancy, elle dut à son grand regret, quitter le château en 1718 pour échapper aux brutalités de son mari. Les attentions de la régente, Elisabeth Charlotte de Lorraine, lui valurent d'entrer à la cour de Lunéville en qualité de dame d'honneur. Elle s'y attira très vite les sympathies et constitua un cercle de beaux esprits, salué par Voltaire et Emilie du Châtelet.
C'est dans leur château de Cirey sur Blaise, en Champagne, qu' elle trouva refuge durant l'hiver de 1738 alors que le départ de sa protectrice – précédant l'installation de StanislasLesczynski - l'avait laissée dans un quasi dénuement. Accusée d'avoir communiqué un écrit compromettant de Voltaire à ses amis de Lunéville, elle y vécut un cauchemar. Son amie, la duchesse Elisabeth de Richelieu, l'accueillit dans son hôtel parisien et en fit sa dame de compagnie. A la mort de la duchesse, en 1740, plusieurs dames de la haute société se disputèrent le bonheur de jouir de sa compagnie. Mais, après avoir renoncé à suivre le mathématicien Maupertuis à la cour de Frédéric de Prusse, elle préféra ouvrir son propre salon. Tout ce qui comptait dans le monde des lettres et des arts s'y précipita. En 1747, Madame de Graffigny publia un roman, Lettres d'une Péruvienne, qui connut un énorme succès et consacra sa célébrité. Dans le goût de l'époque, ce roman préfigurait les grands mélodrames populaires. Sa pièce Cénie, dédiée à sa nièce Mme Helvétius, souleva pareillement l'enthousiasme du public. Mais une nouvelle pièce, intitulée « La fille d'Aristide », fut un échec. Supportant mal les sarcasmes de ses adversaires, elle s'enferma dans sa maison en compagnie de son dernier ami, M. de la Touche. Elle y mourut subitement, huit mois plus tard, le 12 décembre 1768. Madame de Graffigny est surtout connue aujourd'hui pour l'originalité de sa correspondance publiée par la Voltaire Fondation de l'Université d'Oxford. Par son goût des mots et son esprit profondément lorrain, elle illustre avec bonheur le temps des Lumières.

la bibliographie

Nouvelle espagnole, 1745
Recueil des messieurs, 1745
Le Fils légitime, en trois actes et en prose, 1746
La Fièvre d’Azor, 1746
Lettres d’une Péruvienne, 1747
Cénie, pièce en cinq actes, 1750
La Fille d’Aristide, pièce en cinq actes, 1758
Correspondance 1738-1758